La peur de l'échec est omniprésente ... tant pour moi que pour elle, d'ailleurs.
Elle avait même pensé à arrêter nos dialogues, tellement consciente des difficultés que cela pouvait engendrer.
J'en avais décidé autrement. Et c'est pas cette foutue distance qui m'en empêcherait. Pourtant, 3000 km nous sépare.
Tout nous sépare ! Nos âges : moi 37, elle 25. Pour elle, c'est pas un problème. Pour les russes, d'ailleurs ce n'en est pas un. Chez nous, je sais que ca va jaser. J'entends déjà : "il a choisi une petite jeunette de 25 ans ...". Mais je m'en fous. Elle était bien plus mature que nos filles ici, au même âge. Et peut-être que je suis moi-même plus jeune d'esprit que mon âge voudrait le signifier.
J'ai deux enfants déjà. Va falloir assumer. Et puis, serons-nous pareils une fois l'un en face de l'autre ?
J'ai toujours été persuadé que la rencontre doit s'appuyer sur du réel, du palpable. Une odeur, une démarche, une voix, une chaleur, la proximité des yeux, des mouvements. Bref, tout ce subtil mélange tellement juste qui vous pousse à oser le vrai.
Et puis aussi toutes ces questions sur une potentielle vie future commune : le métier, la langue, les voyages, l'argent, la religion, la nourriture, la famille.
Mais tout nous rapproche !
La complicité, la joie de se parler, la véracité des nos échanges, ... tous ces sentiments de bonheur ...tellement nombreux. L'amour des mots, l'intérêt pour des valeurs communes. On se découvrait à chaque instant. Et toujours dans le respect.
Alors, voilà, c'est simple et difficile. Mais , c'est pas la vie ça ?
On voulait en avoir le coeur net. On avait fini par se dire "advienne que pourra!". Si ca marche, tant mieux, si pas, on aura au moins trouvé une amitié profonde. Je n'y croyais qu'à moitié.
On réfrénait alors nos pulsions. mais ca ne durait que quelques heures. Il nous arrivait de ne pas nous parler pendant un ou deux jours. C'était insoutenable.
Des mois durant nous apprenions à nous découvrir. On parlait de tout et de rien. Surtout de tout, je crois.